La recherche-action participative : méthodologies et pratiques au croisement des arts, des sciences sociales et du design numérique

De plus en plus mobilisées, les méthodologies de recherche-action ou de recherche-création restent encore peu explorées d’un point de vue pratique, notamment dans leurs dimensions transdisciplinaires. Loin d’aller de soi, ces méthodologies impliquent des remises en discussion des acquis et des évidences disciplinaires et une prise en compte de contraintes particulières, et même, parfois, des conciliations entre l’idéal et la réalité, la théorie et la pratique.

Même si la littérature scientifique autour des sciences ouvertes (Anglada, Abadal, 2018), de la recherche-action-participation (Fals Borda, 2009) ou encore, plus récemment, de la recherche militante (Benasayag, Sztulwark, 2000 ; Colectivo Situaciones, 2003), nourrie par les épistémologies féministes et décoloniales (Haraway, 1988 ; Lugones, 2011 ; Rivera Cusiquanqui), constitue un fondement pour ces démarches ; leurs coulisses et particulièrement, les difficultés rencontrées lors de leur mise en œuvre demeurent parfois impensées, ou encore invisibles au profit d’une valorisation de leur potentiel innovateur. Toutefois ces zones d’inconforts représentent —lorsqu’elles sont considérées— des espaces fertiles de réflexion et de création.

Ce workshop cherche à générer une discussion collective à partir des problématiques identifiées dans trois projets en cours consacrés à la construction collaborative de dispositifs archivistiques, muséographiques et d’exposition dans les Amériques latines. Il sera mené par Irene Pochetti (CEMCA/LIRTES-Université Paris-Est Créteil) pour Del barrio al desierto, Tania Romero Barrios (LER/CERLOM/IFEA, Université Paris 8) pour Warmikuna – Voix, visages et mémoires, Marjolaine David Briand (AMERIBER, Université Bordeaux Montaigne / UBA) pour le projet Constelaciones et Guillermo Vargas Quisoboni (Chakalaka MediaLab).

Fort de l’expérience concrète des trois projets présentés, il s’agira notamment d’accompagner les questionnements des participant.es sur leurs pratiques de recherche en cours et de construire ensemble des outils de réflexion autour de trois axes:

  • Les collaborations et leurs enjeux éthiques et politiques;
  • Les modalités de création et de restitution des résultats ;
  • La place des images et des outils numériques dans ces dispositifs.

Information supplémentaire : https://www.mshbx.fr/2025/10/30/la-recherche-action-participative-methodologies-et-pratiques-au-croisement-des-arts-des-sciences-sociales-et-du-design-numerique/

Du quartier au désert

À partir des cérémonies inspirées de la culture wixárika (ou Huichol), basées sur la consommation de peyotl (cactus aux propriétés hallucinogènes) et réalisées dans le désert par des jeunes et des adultes associés aux bandes de San Luis Potosí, cette recherche interroge les pratiques spirituelles et de soin de cette population. Comment ces rituels qualifiés d’ancestraux sont-ils appropriés et interprétés ? Quelles continuités et ruptures émergent entre des espaces apparemment aussi éloignés que le désert et les quartiers urbains ?  Dans un contexte marqué par les inégalités et la violence, comment ces explorations contribuent-elles à produire de nouvelles subjectivités ?

Mobilisant une enquête de terrain croisant photographie et ethnographie, ce projet souhaite complexifier le regard sur une jeunesse souvent appréhendée par la marginalité et la délinquance. La production collective d’un livre et d’une exposition itinérante impliquant des personnes participant.e.s à ces cérémonies, rendra compte de ce croisement de regards et permettra de réfléchir aux enjeux de représentations de ce groupe.

Coordinatrice

Irène Pochetti, Maîtresse de Conférence UPEC-Lirtes

Équipe du projet

  • Maya Collombon, Directrice du (CEMCA)
  • Jean-Félix Fayolle, Photographe (Agence Zeppelin)
  • Paola Garnica, Post-doctorante (Conacyt Colegio de San Luis AC COLSAN)
  • Carmen Cebreros Urzaiz, Curatrice d’exposition, chercheuse indépendante en arts, enseignante ( Universidad Anahuac Mexico)
  • Guillermo Vargas Quisoboni, Anthropologue visuel et designer d’interactions, directeur de Chakalaka medialab.

In Tissu

Le projet « IN TISSU » tisse des liens entre les vêtements, la mémoire et le territoire par un processus de création nomade fondé sur la rencontre et la participation des habitants.

La ville de Saint-Denis accueille 135 nationalités. Toutes ces identités nécessitent d’être valorisées en nourrissant la construction du commun, de notre patrimoine immatériel et culturel. En ce sens, ce projet de création et d’exposition constitue une trace à la fois individuelle et collective, une sorte d’ethnologie des groupes qui vivent à Saint-Denis, des mémoires provenant des quatre coins de la planète et qui se concentrent sur ce territoire. En travaillant à partir de leurs vêtements et tissus comme autant d’échantillons et de morceaux de leurs histoires, le projet témoignera des mondes d’où ils viennent et qu’ils parcourent en lien avec ce territoire.

Site Web : https://in-tissu.artandfield.org/

Anthropologie du visuel. Pratiques filmiques et anthropologiques

Les pratiques filmiques suscitent l’intérêt de nombreux chercheurs, ce qui s’explique, d’une part, par la place grandissante du medium filmique notamment auprès d’une nouvelle génération d’anthropologues pour laquelle l’image est devenue aussi familière que l’écriture. D’autre part, l’accessibilité d’outils (caméras) et de techniques cinématographiques (logiciels de montage) a permis que la pratique cinématographique soit davantage intégrée à la pratique ethnographique.

Seront ici associés des anthropologues, des réalisateurs et des personnes combinant ces deux compétences. Le séminaire permettra de diffuser les films réalisés et d’en débattre en focalisant le débat sur certaines thématiques développées dans le programme de 2018 (consultable ici). Sera abordée notamment la question de l’apport du medium du film qui passe non plus par un texte explicatif mais par l’image, le son, le sensible, et la parole vive pour la discipline anthropologique.

Histoire de l’équipe « Cinéma et anthropologie » (ancienne équipe « littératures et anthropologie »)

Le terme de littératures apparaît au pluriel puisqu’il s’agit très largement de s’interroger sur l’articulation entre productions littéraires et anthropologie. Nous assimilons dans le terme de littératures les productions théâtrales et cinématographiques qui utilisent en plus d’un langage verbal et textuel un langage plus directement visuel. Ce groupe se veut ouvert, et bien que son approche soit fondamentalement anthropologique, il intègre en son sein d’autres disciplines, telles que les études cinématographiques ou théâtrales, l’histoire de l’art, ou encore l’esthétique.

En 2012, l’équipe réunissant des anthropologues et des littéraires a traité du rapport entre littérature et anthropologie. De 2013 à 2014, dans une optique comparatiste associant des anthropologues ainsi que des femmes et des hommes de théâtre, nous nous sommes penchés sur la question du théâtre et de son pouvoir, soit la manière dont celui-ci, en tant qu’ensemble constitué par le texte, la mise en scène et la performance, agit sur le spectateur, dans ses multiples dimensions : visuelle et linguistique, scénique et fictionnelle, corporelle et émotionnelle, esthétique et cognitive, psychologique et sociale.

Fin 2014, ainsi qu’en 2015 et 2016, en associant des anthropologues et des professionnels du cinéma, nous avons abordé des questions qui ont trait principalement aux arts intégrés par le cinéma (la musique), aux personnages, au scénario, ainsi qu’aux effets émotionnels provoqués par les images en mouvement sur le spectateur.

En 2017, l’équipe se focalise plus particulièrement sur le rapport entre anthropologie et cinéma documentaire, les deux reposant, à la différence de la fiction, sur « l’observation participante » du réel. Sont ici notamment associés des anthropologues, des réalisateurs et des personnes combinant ces deux compétences.

Programme

L’image guidant l’anthropologie au-delà des identités

On connaît tous ce célèbre tableau de Delacroix qui est devenu un symbole de la république française : « La liberté guidant le peuple ». Au milieu d’une émeute sanglante dans les rues de Paris, on voit apparaître une femme à moitié nue qui porte un drapeau français avec son bras droit complètement étiré vers le haut. Les couleurs bleu et blanc du drapeau se mélangent avec le ciel nuageux de la ville. Dans sa main gauche, elle tient une baïonnette, la pointe parfaitement étirée vers le haut. Elle marche d’un pas ferme vers l’avant. Bientôt elle marchera au-dessus de deux cadavres qui gisent par terre. Même si elle tient la bouche fermée, le geste de cette femme est un appel au combat : « luttez ».

Un homme tiré à genoux la regarde s’approcher. Il s’appuie d’une pierre par terre et on dirait qu’il va bientôt se remettre en pied et la rejoindre. Comme cet homme vient du sol, là où gisent les deux cadavres, on peut avoir l’impression qu’il est en train de surgir parmi les morts.

Un enfant escorte la femme avec deux pistolets, un qui pointe vers le haut et l’autre qui pointe vers le bas. Il regarde vers l’avant. Ses lèvres sont légèrement ouvertes. Il est en train de dire quelque chose. Il est aussi le seul personnage du tableau qui regarde directement en face et qui parle. Il se trouve ainsi que lorsqu’on regarde le tableau, on finit nécessairement par croiser le regard de l’enfant et sentir qu’il est en train de nous regarder, et qu’il veut nous dire quelque chose.

Trois combattants forment un groupe à gauche. Un homme élégamment habillé avec un chapeau haut-de-forme et un costume noir. Il avance avec un rifle entre les mains. Il est suivi de près par un homme qui porte un sabre à la main et un pistolet dans la ceinture. On voit finalement un jeune qui porte une épée, avec une main appuyée sur une pierre. Ce dernier avance en rampant, collé au sol, et on dirait à juger par son regard très intense et sa posture qu’il va bientôt se jeter à l’assaut contre l’ennemi, qu’on devine en suivant la direction de son regard. Les trois hommes dirigent leur regard vers le coin inférieur droite du tableau. Derrière eux, la foule de combattants marche aussi dans la même direction, vers le coin inférieur droit du tableau. On devine ainsi que c’est là où se trouve l’ennemi.

La femme et l’enfant dessinent une trajectoire différente à celle des autres personnages. Ils suivent une ligne droite qui vient du fonds vers le front du tableau, alors que les autres personnages du tableau dessinent une trajectoire transversale, de gauche à droite du tableau. On peut déduire que la femme et le garçon sont en train de traverser la ligne de combat. Mais le regard de la femme est tourné vers les combattants, et celui de l’enfant est tourné « vers nous ». La femme est en train de regarder la scène proprement historique, et l’enfant regarde plutôt vers l’avenir.

Extrait de la communication présentée le mercredi 9 novembre 2016 dans le séminaire « Art, politique, anthropologie », dirigé par Véronique Beneï

Revista Lupita

Revista Lupita diffuse et archive les communiqués de presse d’expositions et d’événements organisés en Europe auxquels participent des artistes et/ou des curateurs d’Amérique latine. L’information que nous publions sur notre site Web et sur nos réseaux sociaux contribue à créer de nouveaux publics pour l’art latino-américain. En même temps, Lupita a été conçue comme un outil transdisciplinaire pour promouvoir de nouvelles formes de recherche sur l’art latino-américain et sur l’histoire des expositions.

La centralité de l’image dans la pratique ethnographique. D’une ethnographie par l’image aux images qui font l’ethnographie

Atelier organisé dans le cadre des II Rencontres Annuelles d’Ethnographie de l’EHESS, avec le soutien de l’école doctorale de l’EHESS, le Labex Tepsis, le Centre Maurice Halbwachs, l’Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les Enjeux Sociaux (IRIS), le Centre Norbert Elias, le Centre d’Études des Mouvements Sociaux, le CNRS.

PROGRAMME DE L’ATELIER:

Séance du matin (9h00 – 12h00)

  • Introduction : « Pourquoi l’image dans les pratiques ethnographiques ? ». Giulia Battaglia et Guillermo Vargas Quisoboni
  • « Slowing down the ethnographer’s gaze: Drawing as a practice of ethnographic description ». Jasmin Kashanipour, University of Vienna
  • « The challenge of the visual materiality: a phenomenological ethnography suggested by Indian religious artefacts ». Valentina Gamberri, University of Chester
  • « Relationships between examiners-examined and the visibility of an invisible illness: visual ethnography of epidemiological research in Niger ». Kelley Sams, Centre Norbert Elias-EHESS
  • 11h00-12h00. Discussion animée par Aline Caillet, Institut ACTE – Université Paris I.

Séance de l’après-midi (14h00 – 17h00)

  • « L’anthropologue comme artiste. Parcours croisés entre pratiques artistiques et anthropologiques », Raphael Julliard, LAS-EHESS
  • « Est-il possible une cartographie de l’humanité ? Adolf Bastian et Friedrich Ratzel: un parcours croisé ». Carlotta Santini, IMM-CNRS-EHESS
  • « Visualizing Culture : Visual Culture between Philosophy and Anthropology ». Gustavo Racy, University of Antwerpen
  • « The Image In/As Ethnography: Examples from the French-German Television Channel ARTE », Damian Stankiewicz, Temple University
  • 15h50 – 16h50. Discussion animée par Damien Mottier, HAR – Université de Nanterre.